Les mécanismes mis en oeuvre
En quelques mots...
Lors d’un choc émotionnel, qui peut paraître important ou anodin en apparence, la douleur est tellement grande pour l'individu, qu'un clivage s'effectue dans la psyché. La part de soi étant trop en souffrance pour être intégrée se met à l'écart, protégeant ainsi l'individu de la douleur.
Inconscient de ce mécanisme, l'individu continue alors sa vie "sans", ou tout du moins "avec moins" de douleur.
Mais pour être vraiment lui-même, pour se sentir "entier", l'individu a besoin de toutes ses parts, y compris celles mises à l'écart par la psyché.
Alors cette part de soi, restée en suspens, produit un « symptôme psy », essayant d’attirer l’attention de l'individu.
L’approche maïeusthésique consiste, à partir de ce symptôme, à rencontrer cette part en souffrance, et à l'apaiser, par la reconnaissance de son vécu. Ainsi apaisée, cette part de soi pourra enfin se réintégrer au Soi, procurant à l'individu un sentiment d'apaisement, d'entièreté retrouvée.
De ce fait, le symptôme, dont le rôle était de garder un lien avec la part de soi en attente de réhabilitation, n’a plus lieu d’être, et disparaît.
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Constitution de la psyché
La psyché d'un individu est constituée de l’ensemble de :
- celui qu'il est en ce moment présent,
- tous ceux qu'il a été depuis qu'il existe (depuis sa conception jusqu'à ce jour),
- et tous ceux dont il est issu, depuis qu’ils existent (depuis leur conception jusqu'à ce jour, ou jusqu'à leur mort s’ils sont décédés).
Cela inclut donc le présent, le passé (récent et lointain, prénatal compris), et le transgénérationnel.
Toutes ces "parts de soi" constituent l'intégrité de l'individu.
La pulsion de survie
Lors d'un choc émotionnel, il se peut que la part de soi vivant ce choc soit trop en souffrance pour rester intégrée : elle risquerait de menacer l'équilibre psychique de l'individu.
La pulsion de survie, agissant en protecteur, va mettre à l’écart cette part de soi, loin de la conscience, car son vécu est trop douloureux et ne saurait être intégré sans mettre l’individu en danger, sa maturité ne le lui permettant pas encore. Ainsi l'individu oublie cette part de lui, qui porte alors seule sa souffrance, à l’écart.
Outre son rôle de mise à distance, la pulsion de survie a également un rôle de compensation, permettant de masquer les vides laissés par les parts de soi qui se sont éloignées (c'est une des explications des compulsions visant à "remplir" ce vide : nourriture, alcool, cigarette, jeu, sexe,...).
La pulsion de vie
L’individu ne ressent donc plus ni la souffrance ni le vide, mais c’est un leurre ; cette part de lui lui « manque » ; sans elle il ne peut se sentir réellement « entier ».
Intervient alors la pulsion de vie (à distinguer de celle de Freud), qui tend à rassembler les différentes parts de soi, en vue de constituer l’unité de l’individu, l'entièreté de son être ; son rôle est d’assurer la cohésion des différentes parts de soi.
Ainsi cette pulsion de vie « garde le lien » entre Soi et ces différentes parts de soi placées dans l’inconscient, afin de pouvoir les retrouver ultérieurement... et un jour elle cherchera à les intégrer : elle produira des « symptômes psy », pour attirer l'attention de l'individu et lui permettre d’y accéder de nouveau.
Le rôle et l'importance du symptôme
Le symptôme est donc considéré comme existant « spécialement pour » permettre à l’individu de retrouver cette part de soi en souffrance, en attente ; il permet d’ouvrir le chemin vers une plus grande entièreté de son être.
Nous ne combattons pas le symptôme, nous cherchons à entendre ce qu'il nous dit, à comprendre "en quoi il est juste pour le patient que ce symptôme se manifeste", et nous suivons le chemin qu'il nous indique, qui nous mène vers la part de soi à rencontrer.
Nous recherchons la justesse qu’il représente, et non l’erreur.
Au cours de l'accompagnement, nous apportons alors de la reconnaissance à cette part de soi retrouvée. C’est la reconnaissance de son vécu qui procure l’apaisement de cette part de soi, enfin entendue. Elle peut alors être réintégrée au Soi.
Il en résulte un sentiment d’apaisement, de proximité intérieure et de réconciliation avec soi-même.
Nous noterons que l’apaisement se fait lorsque l’on reconnait ce qui a été vécu, et non lorsque l’on essaye d’apaiser, de consoler, ou d’enlever ce qui fait souffrir : cela reviendrait à nier le vécu de cette part de soi, ajoutant une souffrance supplémentaire à celle qu’il vit déjà.
Résumé pragmatique
- par l'individu : parce que celui-ci n'a pas les moyens d'accueillir les émotions qu'il est en train de vivre : soit il est trop petit, soit il est trop activé, soit il ne sait pas comment faire...
- par l'extérieur : soit il n'y a personne, soit les personnes présentes n'ont pas les moyens non plus d'accueillir ce vécu de l'individu.
Nous notons à nouveau qu'accueillir ne signifie pas "chercher à apaiser", mais bien permettre à l'individu d'exprimer ces émotions qu'il vit ; l'entendre dans son vécu.
Alors, en séance, nous allons faire ce qui n'a pas pu être fait au moment du choc émotionnel : aller à la rencontre de cette part de soi qui est toujours en souffrance, lui apporter de la reconnaissance pour ces émotions qu'elle vit, lui permettant de s'en libérer, et ainsi de s'apaiser.